mercredi 19 septembre 2012

[Rétro-chronique] Judas Priest : "Screaming for vengeance"


Les portes de la gloire

 

Les années 80 marquèrent un tournant dans la carrière de Judas Priest. Là où leurs comparses d'Iron Maiden étaient résolus à imposer leur style sans la moindre compromission, la bande à Rob Halford avait un objectif bien différent : percer coûte que coûte aux USA. Point of entry, l'album précédent, avait déjà amorcé le virage vers un son plus rock'n'roll. Screaming for vengeance allait, quant à lui, enfoncer le clou, pour le meilleur et pour le pire.


À l'heure actuelle, Screaming for vengeance reste le meilleur succès commercial de Judas Priest, et il y a fort à parier que la réédition de ce classique pour célébrer son trentième anniversaire ne fera que renforcer cette tendance. Et pour cause, vu qu'il s'agit de l'album de la consécration américaine pour le groupe. Priest a abandonné son imagerie sulfureuse de ses débuts pour adopter le look biker, Rob Halford ressemble désormais à un membre des Village People. Même au niveau des paroles, le moins que l'on puisse dire est que Riding on the wind est assez éloigné de Beyond the realms of death. Pour autant, le succès commercial ne signifie pas que Priest a abandonné toute notion d'intégrité à la douane. Certes, cette nouvelle optique du groupe annonce des horreurs à venir, Turbo en tête de peloton, mais l'on serait bien bête de bouder son plaisir, parce que intégrité artistique ou pas, Screaming for vengeance reste un putain d'album.

Et le moins que l'on puisse, c'est qu'on va bouffer de l'hymne par paquet de dix. Le diptyque The Hellion/Electric Eye en guise de mise en bouche, ce ne sont pas vraiment des apéricubes, mais du caviar. En quelques minutes, tous les ingrédients qui font de Priest une légende du metal sont réunis : duo de guitares version Thin Lizzy, une rythmique imparable, et le chant inimitable du Metal God lui-même. Ce n'est pas pour rien que le groupe a longtemps utilisé ce binôme de chansons pour ouvrir ses concerts. Pour donner le ton, on ne fait pas mieux et honnêtement, je ne pense qu'il existe à ce jour d'intro plus mémorable que the Hellion.

Hormis cette ouverture, et la chanson-titre Screaming for vengeance (sur laquelle nous reviendrons), nous sommes surtout en présence de ce que les américains appelent "driving music", autrement dit de la musique "pour conduire". Plus proche du heavy-rock que du metal proprement dit, ce sous-genre englobe des chansons simples mais efficaces, le genre dont on est capable de chanter le refrain dès la première écoute. Et dans le genre, Judas Priest excelle. Que ce soit (Take these)chains, Bloodstone ou bien le mythique You've got another thing coming, je vous mets au défi de ne pas au minimum taper du pied en cadence. On est loin, très loin des chansons alambiquées de la Vierge de Fer, mais ce n'est peut-être pas plus mal.

Mais tu as bien fait de prendre ton mal en patience, ami métalleux, toi qui t'impatiente et qui aimerait bien que ça crache un petit peu. Screaming for vengeance, la chanson, va répondre à tous tes besoins. Avec cette véritable tuerie speed-metal, Priest montre que ce n'est pas parce qu'il a l'intention de séduire un public facilement impressionnable qu'il en a forcément laissé son dentier sur la table de nuit. Rob chante comme une banshee, les guitares attaquent de front et la batterie s'occupe des survivants. Comme ils le feront des années plus tard avec Painkiller,  Priest rassure ses fans de la première heure et montre qu'il n'a pas l'intention de suivre le chemin de Bon Jovi.

Si British Steel reste le classique indétrônable du groupe, Screaming for vengeance est selon moi tout aussi indispensable dans la discothèque de tout métalleux qui se respecte. Sans doute le meilleur album de cette période du groupe, c'est un témoignage d'une époque où la vaste majorité des groupes de metal vont jouer aux putes pour tenter de percer sur un marché US qui ne veut pas vraiment d'eux.  Mais là où tant d'autres se sont vautrés, Priest est parvenu à conserver la tête hors de l'eau et malgré certains compromis, à rester une formation légendaire.

P.S. : pour information, l'édition anniversaire est largement dispensable, pour peu que vous possédiez déjà la version remasterisée de 2001 ou que vous ne soyez un fan intégral qui doit tout avoir. Hormis quelques titres live en plus, rien de rare à se mettre sous la dent, et le mix est sensiblement le même que sur la version précédente.

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