mardi 23 octobre 2012

[Musique] Serj Tankian : "Harakiri"

Punk's not dead, it just smells funny

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'avec Serj Tankian, on ne sait jamais à quoi s'attendre. Si son premier album solo portait la marque indélébile de System of a down, le second prenait un virage plus expérimental avec sa fusion rock/classique. Pour son troisième album studio, le grand Serj revisite un genre réputé mort : le punk. Bon ok, c'est moins surprenant que si il avait annoncé un album de Bossa Nova. Pour autant, j'étais tout de même curieux de voir ce que le grand Serj nous réservait.


Dès les premiers accords de Cornucopia, il faut bien constater que le chanteur tient ses promesses. Sans parler d'une réinterprétation de Never mind the bollocks, la rythmique lorgne clairement du côté du bon vieux punk des familles, et je ne parle pas de Green Day. Figure it out enfonce le clou, avec son texte revendicatif, le social restant un sujet cher à Tankian. Comme pour les albums précédents, Tankian a tout composé, enregistré et produit lui-même, garantissant un contrôle complet sur le produit final. Et c'est là tout l'intérêt de la chose : Serj se fait avant tout plaisir en tant qu'artiste, sans chercher à satisfaire aux exigences d'un label, ni même de chercher à satisfaire des fans qui voudraient le voir faire encore et encore du System of a down.

Tant qu'on est sur le sujet des thèmes de l'album, j'en profite pour adresser une remarque à certains de mes confrères. J'ai eu l'occasion de lire certaines critiques de Harakiri qui lui reprochait son côté militant, allant même jusqu'à le trouver fort naïf. Ben merde alors, Serj Tankian fait un album engagé ? Quelle surprise ! Après ça, vous comptez reprocher à Cannibal Corpse de faire dans le gore ? Il y a vraiment des jours où les claques se perdent. Si l'aspect engagé de Tankian vous défrise, écoutez plutôt le dernier Rihanna, ça vous détendra. Et reprocher une certaine naïveté à Serj confine au ridicule quand on connaît les activités extra-musicales du bonhomme.

Fermons cette parenthèse pour revenir à l'album. L'inspiration de Harakiri a beau être punk, ce ne serait pas un album de Serj sans une saine dose d'expérimentation. Et de fait, un petit beat électro par ici, un petit coup de banjo par là, et vas-y que je te fais un jeu vocal sur Ching chime. L'avantage de Tankian en solo, c'est qu'il n'a pas à faire de compromis. Du coup, le bonhomme se fait plaisir, sans que cela nuise à la chanson, et c'est tout bénef pour nous.

Pour autant, ce troisième album solo n'est pas sans un ou deux bémols. Quelque part, Tankian est un poil prisonnier du concept punk et là où un Elect the dead variait les ambiances avec bonheur, ici tout l'ensemble sonne un peu pareil. Si chaque chanson brille individuellement, l'écoute sur la longueur peut être un brin pénible. Dans le même ordre d'idée, deux chansons sont un peu plus faibles (Harakiri et Forget me knot), et Serj s'en serait dispensé que l'album aurait été plus direct et sans doute plus fort. Mais bon, à ce niveau là, je conviens que c'est du chipotage.

Bref, avec ce troisième album, Serj Tankian continue une carrière solo sans faute, ou peu s'en faut. On peut ne pas toujours pas être d'accord avec ses choix artistiques, mais on ne peut pas nier que l'homme reste l'un des rares artistes actuels à encore faire preuve de créativité, sans être bridé par de quelconques impératifs commerciaux. Et à l'écoute de Harakiri, on pourrait aussi se demander si une réunion de System of a down a encore du sens.

1 commentaire:

  1. Je vais pas tarder à l’écouter celui-là, motivé en cela par ta chronique. Salutations Arnaud !

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