Usine en grève
En cet an de grâce 2012, les américains de Fear Factory nous reviennent avec leur huitième galette, the Industrialist. Enfin, quand je dis Fear Factory, c'est un groupe réduit à sa plus simple expression. Qu'on se rassure, le gros de la troupe est toujours là, puisque le guitariste Dino Cazares mène toujours la barque, flanqué de l'inamovible hurleur Burton C. Bell. Bon, de toute évidence, le reste du groupe s'est fait bouffé par le gros Dino à la fin de la tournée pour Mechanize, l'album précédent.
Exit donc le batteur Gene Hoglan, parti chez Testament pour remplacer au pied levé Paul Bostaph, et exit le bassiste Byron Stroud, mais ça tout le monde s'en fout. Visiblement, les deux compères Dino et Burton s'en foutent aussi royalement, vu leur décision de remplacer Hoglan par une boîte à rythme, et Stroud par Dino himself (quand je vous dis qu'il l'a mangé), au son de "pour ce qu'on entend la basse dans Fear Factory". Le joyeux duo retrouve leur complice de toujours, Rhys Fulber (Front Line Assembly) à la production, et vogue la galère.
Et c'est bien de galère qu'il est ici question, parce que pardon, mais qu'est-ce qu'on s'emmerde ! Si Mechanize, l'album précédent qui marquait le retour de gros Dino dans l'usine, montrait des signes de progrès, nous sommes ici face à l'expression la plus basique du groupe. On peut formuler à l'encontre de the Industrialist les mêmes reproches que ceux dont on avait gratifié à l'époque Digimortal. Passés trois titres, force est de constater que Fear Factory n'a aucune intention de dévier de leur formule bien connue, c'est à dire rythmique syncopée, chant hurlé sur les couplets, clair sur les refrains (histoire que Burton puisse continuer à se gaufrer en live), des nappes de clavier, et comme d'habitude pas un pet de solo. Mélangez dans un bol, et servez à volonté.
Et pour cause, Fear Factory va user de cette formule jusqu'à l'indigestion. Hormis God eater, qui sauve un peu les meubles, et l'inutile Human augmentation (9 minutes d'ambient pour conclure l'album, comme d'hab), tous les autres titres sonnent exactement pareils aux autres. Entendons-nous bien, ça n'est pas rédhibitoire en soi. Fear Factory reste un groupe unique en son genre, et redoutablement efficace quand il s'agit d'envoyer le bois. Mais à l'écoute de the Industrialist, on ne peut s'empêcher d'éprouver comme un sentiment de déjà-entendu.
Soyons clair, je n'ai aucun doute que les fans du groupe seront ravis de ce nouvel opus. Tous les éléments qui ont fait la notoriété du groupe sont bien présents, mais ce n'est pas avec ça que Fear Factory va relancer l'intérêt du public. C'est d'autant plus dommage quand il s'agit du même groupe qui a, par le passé, montré qu'il pouvait faire évoluer son concept avec des albums comme Archetype ou Transgression. Il est vrai que ces deux albums brillaient par l'absence de Cazares, et c'est sans doute là que se situe le noeud du problème. Reste que, de mon point de vue, the Industrialist reste un album dispensable, qui ne fera sans doute pas date dans la carrière du groupe.
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