Jardinage et mal de nuque
Testament fait partie de ces groupes que tout le monde connait, mais qui n'ont jamais vraiment eu leur chance. Pourtant, les petits gars (enfin, "petits", je n'irai pas dire ça à Chuck Billy) traînent leur thrash metal depuis un bon quart de siècle et n'ont jamais démérité, contrairement à certains de leurs collègues (*tousse*Anthrax*tousse*). Pourtant rien à faire, Testament fait partie de ces oubliés, que l'on connait de nom, et p'têt même qu'on a l'un ou l'autre album, p'têt même en cassette. Mais demandez à un métalleux de vous citer trois groupes de thrash, et je vous fiche mon billet que neuf fois sur dix, Testament sera absent de la liste. Fort heureusement, le groupe n'en a rien à battre, et continue à enquiller les albums sans compromis. Et c'est tant mieux pour les vrais connaisseurs, parce que là, les enfants, Dark roots of Earth est une putain de bombe.
Dixième album studio pour les Californiens, Dark roots of Earth voit le retour d'un Testament en rare forme. Si The formation of damnation, l'album précédent, donnait un peu l'impression d'un groupe qui se cherche une place dans la scène musicale contemporaine, Testament a retrouvé ses marques et nous livre une galette imparable. Dès les premiers accords de Rise up, morceau taillé pour la scène, on constate que l'on va en prendre plein les dents. La présence de Gene Hoglan (Death) derrière les fûts n'y est d'ailleurs pas pour rien. La production d'Andy Sneap non plus, ceci dit. Le son est cristallin et puissant à la fois, et on ne peut s'empêcher de penser que certains de leurs collègues (*tousse*Metallica*tousse*).
Le moins que l'on puisse dire, c'est que les années 90 n'ont pas été tendres avec Testament. Outre les nombreux changements de personnel, le groupe avait joué la carte de l'escalade dans la brutalité, ce qui ne paya pas vraiment, Testament ayant du mal à concourir sur ce terrain-là avec des formations comme The Haunted. Plus de cela désormais, Testament a compris que ce qui avait fait son succès dans les années 80 était ce mélange hybride entre brutalité et mélodie. Retour aux sources donc, pour les californiens, qui lorgnent même carrément du côté de la New Wave of British Heavy Metal, comme sur la chanson-titre Dark roots of Earth. Il faut dire que depuis le retour du guitariste Alex Skolnick, le groupe y a gagné en virtuosité. Ceci dit sans dénigrer l'autre guitariste, Eric Peterson, puisque la paire s'offre même le luxe d'échanger les solos, tels un duo Dave Murray/Adrian Smith.
Toutefois, il ne s'agit pas pour autant d'un album nostalgique, voire passéiste. En grande partie grâce à la production d'Andy Sneap, l'album sonne résolument moderne, et l'on est très loin de la vague rétro-thrash que l'on connaît actuellement avec des groupes comme Bonded by blood, dont les galettes sonnent étrangement comme si elles étaient sorties il y a 30 ans. Dark roots of Earth est également assez éloigné de ce que peuvent faire d'autres groupes de thrash "de l'époque" qui continuent à bosser comme dans les années 80, Exodus en tête. Nous sommes ici plutôt dans le registre d'un Overkill, c'est à dire d'un groupe certes de thrash old-school, mais qui a évolué avec le temps tout en restant fidèle à son style. Et puis, écoutez donc ce True american hate et venez me dire que ce titre ne soutient pas la comparaison avec ce qui se fait actuellement.
En bref, les fans old-school de Testament seront aux anges avec ce retour en grâce d'un groupe qui, si il a souvent raté le coche, n'a jamais céder aux sirènes de la facilité (*tousse*Megadeth*tousse) et a toujours su conservé son intégrité. Et si vous faites partie de ceux qui auraient zappé le groupe pour des prétextes fallacieux, ou encore qui ont arrêté de suivre Testament après les années 80, voici une excellente occasion de vous y remettre. N'hésitons pas à le dire, Dark roots of Earth est le meilleur album du groupe depuis un bon moment et espérons qu'ils nous en proposeront beaucoup d'autres comme celui-là.
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